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Histoire d'Etienne Denevers et d'Anne Hayot en Nouvelle-France
texte original de Michel Boisvert, archiviste et généalogiste, Université Laval
Provenance
Etienne De Nevers sieur de Brantigny est originaire de la Champagne et plus particulièrement d'Espinay. C'est ce que nous révèle son acte de mariage passé le 28 octobre 1652 devant le père Jésuite Pierre Bailloquet, en l'église de Sillery. Étienne aurait quitté son pays pour venir s'établir en Nouvelle-France vers 1649. Les climats politique, économique et social qui règnent à cette époque en France sont probablement tributaires de son départ pour la Nouvelle-France. Mais situons-nous un peu et examinons les principaux événements qui marquèrent l'histoire de la Champagne avant son départ pour le nouveau monde.
La Champagne
La Champagne fut à l'origine une ancienne cité gauloise, la région la plus étendue de la France avec d'immenses et longues clairières, un paysage ouvert, dénudé et strié par les cultures en bandes régulières et minces. Cependant ce pays nous fait découvrir de plus une Champagne crayeuse, au superbe relief de "Côte" s'étendant de Reims à Montereau en passant par Epernay et Sezanne et auquel il ne manque rien, pas même les vallées. On a souvent parlé de la Champagne pouilleuse en exagérant sur la platitude, la nudité et la monotonie de cette région. Ce terme "pouilleux" s'associait probablement au fait que l'on y retrouvait une terre de craie, inculte et quasi inhabitée.
En réalité la craie n'est jamais plate, les routes qui la sillonnent, montent et descendent sans arret... les ondulations sont larges et les grands horizons sont larges et les grands horizons sont la règle (ref: Maurice Catel, et Al. Visages de la Champagne, Paris, Ed. Horizons de France, 1946, p. 18)
La ville la plus caractéristique est EPERNAY, située au pied du mont Bernon , coiffée d'un bouquet de pins au bord de la Marne. C'est le vin qui lui donne son unité avec son avenue de Champagne. Les villes de la craie sont originales, bâties de bois, de torchis et de craie tendre. Cependant, avec tout ce qu'elles ont connu jusqu'au XVIIe siècle et depuis la révolution (les invasions, les incendies, etc.) elles souffrent encore de ces destructions par de terribles déracinements moraux et matériels.
Au milieu du XIIe siècle les Comtes sont suzerains de 2030 fiefs. On voit le morcellement et l'abondance de la petite féodalité. L'administration du comté est assez analogue à celle du domaine royale. Les hauts officiers y sont également sénéchaux, connetables, bouteilliers, chambriers, chambellans. On y retrouve des viscomtes, des prévots et des baillis dans différentes circonscriptions. De plus la Champagne est caractérisée par ses Foires qui au Moyen-Âge en ont fait sa richesse.
Les Foires contribuèrent au développement des villes et de la classe bourgeoise. Cependant elles entravèrent les libertés urbaines parce que les bourgeois devinrent officiers des comtes et remplirent notamment les fonctions de gardes de Foires. Au début du XIVe siècle, on assiste à une guerre entre les grands du pays, une querelle dynastique qui apporte les misères de la guerre de cent ans au cours de laquelle la Champagne sera durement éprouvée. Cependant, avant même que cette guerre fasse ses effets sur les pays champenois, l'Europe entière fut frappée par un terrible fléau: "La peste Noire". On la nomma ainsi à cause des bubons charbonneux par lesquels elle se manifestait.
En 1317, l'épidémie touche Marseille, la Champagne est frappée l'année suivante, principalement à Provins et à Troyes tandis que Châlons et Reims sont touchées en 1349. Ce mal dure pendant deux années pour ensuite s'atténuer mais sans jamais disparaître complètement. La peste réapparait à Bar en Aube en 1360, à Provins en 1391 et 1400, à Troyes en 1404 et 1420 etc. Si certaines provinces voient disparaître la moitié de leurs habitants, il n'est pas possible pour les contrées champenoises de dresser un bilan de la mortalité. Certains expliquent la venue de cette misère par l'influence d'une comète apparue à la fin 1347 et d'autres y voient un chatiment divin.
De là, on multiplie les offrandes et les processions, on récite des prières pour écarter le mal, on fait défiler des reliques, bref on essaie de trouver la solution par ses propres moyens, car même la médecine est impuissante face à ce mal. Au XVIe siècle, c'est la lutte contre la maison d'Autriche qui commence et la Champagne est encore foulée par les bandes de guerre: Siège de Mezieres en 1521, de St-Menehould en 1543, de St-Dizier 1544, l'incendie d'Epernay et de Vitry en 1544. La vallée de la Marne est ravagée et la peste suit toujours cette invasion. Elle sévit jusqu'au milieu du XVIe siècle. On la voit apparaître en 1533 à Epernay.
On assiste donc à des épidémies cycliques sur un fond de nudité endémique qui, néammoins sont épongées par une prodigieuse croissance démographique.( Ibid.)
C'est de plus à cette même époque, la période des guerres religieuses. Le protestantisme s'insinue en ce pays puisqu'il est largement ouvert aux influences du dehors. Il pénètre dans tous les milieux mais plus particulièrement il atteint les ouvriers des villes. Une guerre des religions, guerre inévitable qui débute le premier mars 1652 avec le massacre de Wassy, où huguenots et soldats de Guise, de passage en ce lieu échangent des injures et des coups.
Une pierre atteint le duc à la joue et la bagarre commence. Ce fut alors le signal des guerres qui durèrent plus de trente ans. Au XVIIe siècle, les champenois sont de plus très éprouvés car après la peste c'est la famine. Un facteur climatique survient vers 1580 et on voit apparaître ce que l'on appele " le petit âge glaciaire" qui durera jusqu'au XIXe siècle. On parle d'un refroidissement général qui ne se manifeste pas seulement par des hivers rigoureux mais aussi par une baisse des températures entrainant des printemps écourtés, tardifs et défavorables aux récoltes. Puis c'est l'apparition des étés pluvieux comme cela se produisit de 1648 à 1651.
Cette peste ayant sévit pendant plusieurs années a entrainé une diminution de la main-d'oeuvre, désorganisant les relations commerciales par une baisse de production et des denrées agricoles. Mêlés à cela, des contre-temps climatiques et météréologiques accentuent la disette car la famine est au nombre des malheurs de l'époque. Toutefois, les champenois luttent pour la réédification de leur pays et c'est sous Henri IV qu'elle se redresse. L'industrie métallurgique s'étend, l'industrie de la soie se crée à Troyes et à Reims et les verreries de l'Argonne sont actives. Les Jésuites s'installent à Reims, à Châlons, à Chaumont et à Langres.
Il est à remarquer que ce sont des champenoises comme Jeanne Mance et Marguerite Bourgeois qui sont les premières missionnaires du Canada. En 1650, de nouvelles bandes de mercenaires reviennent. En 1651 c'est l'année des mauvaises récoltes, la misère est tellement grande que les paysans se font brigands afin de survivre et d'autres meurent de la dysenterie. Le désastre des guerres fut si graves et cela surtout dans la Champagne du Nord que "... des villages sont vides et qu'on a pu signaler des cas de cannibalisme. Certains mangent de la paille et des cadavres de chevaux."
Une nouvelle vie
Ce climat de pauvreté, de misère et de guerre qui règne en Champagne a sans doute décidé Étienne à prendre la mer et à espérer un avenir plus prommetteur. Une porte s'ouvre devant lui. Il est jeune (environ 22 ans) alors il s'embarque pour l'aventure et arrive possiblement à l'été 1649 à Québec. Des recherches effectuées en France part des québécois, tel que le père Archange Godbout n'ont pas permis de mettre à jour le contrat d'engagement de notre ancêtre Étienne. Mais prenons pour hypothèse qu'il soit débarqué en 1649 et regardons ce que Marcel Trudel nous dit au sujet des navires qui arrivent cette année là.
La flotte de six navires, commandées par Jean-Paul Godefroy, à titre d'amiral commence à paraître à Québec le 23 août: elle comprend le Cardinal, 300 tonneaux, le Bon-François, 90 tonneaux, le St-Sauveur ou Neuf, 150 tonneaux (Capitaine: Jammes: maître: J.Descombes), le Notre-Dame, 250 tonneaux et deux autres navires: l'Anglois et un navire non identifié commandé par le capitaine Jean Poulet; il y a aussi à bord de la flotte un capitaine Faloup. Dans cet arrivage de peut-être 200 personnes, nous identifions 100 nouveaux immigrants dont cinq pour Montréal. (Réf: Marcel Trudel, Catalogue des immigrants 1632-1662, Montréal, 1983, Cahiers du Québec, Coll. Histoire, Hurtubise HMH, p. 207)
Première apparition
C'est le 15 janvier 1650 aux Trois-Rivières, que l'on retrouve pour la premier fois Étienne De Nevers. Il agit à cette occasion comme parrain pour un Amérindien nommé: Étienne fils de Kaouboukouchich (le père) et Kouekassouekoue (la mère). C'est le père Jésuite Pierre Bailloquet qui célèbre le baptême. Que fait Étienne à cet endroit? Est-il au service des Jésuites? Fait-il partie de l'équipe du Sieur Le Neuf du Hérisson qui avait un grand besoin de main-d'oeuvre pour exploiter ses terres de la banlieue des Trois-Rivières? Ces deux hypothèses sont plausibles mais les documents manquent pour affirmer avec certitude l'une d'entre elles. Il séjourne alors à Trois-Rivières avant d'aller s'établir à demeure dans la région de Québec, plus précisément à Sillery où vivent dejà des gens comme Nicolas Pinel, Nicolas Goupil, Thomas Hayot, Jean Jobain, Gilles Esnard, Jean Routhier, Mathurin Trut etc.
Sillery
C'est à Sillery qu'Étienne fera la rencontre d'Anne Hayot , fille de Thomas Hayot et Jeanne Boucher. Thomas était l'un des premiers colons de la Nouvelle-France. Les registres mentionnent son nom pour la première fois en date du 30 octobre 1638. Sa fille Anne est née le 26 juillet 1640 et voici ce que nous dévoile le registre de la paroisse de Notre-Dame de Québec:
Le 26 juillet 1640 fut baptisée en la chapelle de Kebec par Ambroise..... jésuite, Anne fille de Thomas hayot et de Jeanne Boucher...
En 1646, la famille Hayot reçoit une terre à Sillery du gouverneur Huault de Montmagny. Le premier octobre 1652, Étienne de Nevers et Anne Hayot prennent rendez-vous avec le notaire Rolland Godet pour établir leur convention de mariage. Malheureusement ce document demeure introuvable mais nous apprenons son existence dans la liste des papiers et titres faisant partie de l'inventaire après décès des biens d'Étienne Denevers rédigé par le notaire Duquet le 12 avril 1679. Bien que ce document soit introuvable nous possédons l'acte de mariage passé à l'église de Sillery le 25 du même mois, rédigé par le père Pierre Bailloquet.
Acte de mariage de Etienne Tenevers et de Anne Hayaut
Le 28 oct 1652. après publication de deux bancs de mariage le 29 de Sept et le 6 d'oct et dispense obtenu pour le troisième, ne s'étant trouvé aucun empêchement, le Père le R.P.Pierre Bailloguet à ce député, a interrogé Estienne Tenevers fils d'Estienne Tennevere et d'Agnès Luosbisec ses père et mère de la paroisse d'Espinay en Champagne; Et Anne Hayaut fille de Thomas Hayot et de Janne Boucher ses père et mère habitant de ce pays, lesquels ayant donn‚ leur mutuel consentement par parole de présent, il a sollennellement mariés dans l'Eglise de Sillery en présence de témoins connus. René Méseré dit Nopce, Jacques Archambault, Charles Gandier.
En 1653, les Jésuites, voulant permettre aux habitants de la Côte Saint-François-Xavier de se réunir en bourgade afin de mieux résister aux incursions des iroquois, avaient détaché de cinq terres déjà concédées ou promises, une superficie de cinquante arpents dont quarante-cinq seront partagés en 18 portions de deux arpents et demi chacune. Sur leurs portions de terrains, ils pourront se faire un jardin et y construire granges et étables. C'est donc sur ces terres qu'Étienne De Nevers et Thomas Hayot pourront y faire une culture vivrière tout en étant protégés des attaques iroquoises. Afin de mieux nous situer, voici comment se présentait la seigneurie de Sillery au début de la colonie. Les terres sont réparties en deux concessions. Une première qui est octroyée à François Derré de Gand le 3 juin 1637.
De Gand céda officiellement cette superficie aux Jésuites par des actes du 5 avril 1639 et du 9 février 1640. Dans l'aveu de 1678, la terre des Jésuites est appelée le Pied de Sillery bien qu'il s'agisse seulement d'une terre en roture. C'est donc sur cette concession dans l'Anse Saint-Joseph que les Jésuites ont établi leur mission dès 1637. La deuxième concession est celle accordée aux Amérindiens par Montmagny le 2 août 1646. Il s'agissait des terres comprises entre la route des Puisseaux et la terre des Jésuites, d'une part et entre le fleuve et la route Saint-Ignace d'autre part. En 1651, les terres de Sillery sont érigées en fief et Seigneurie.
Cette concession désigne les "Sauvages chrétiens" comme titulaires du fief mais sous le regard et la direction des Jésuites. Le territoire s'étend alors à une profondeur d'une lieue et demi vers l'ouest jusqu'à la seigneurie de Gaudarville, à une lieue en amont sur le fleuve. C'est sur cet emplacement que les Jésuites ont érigé en 1637 leur mission qui a malheureusement été détruit par le feu en 1657. Le malheur apparut donc sur la bourgade.
...le 13 juin vers deux heures de l'après-midi, le feu prend à la résidence des Pères par la cheminée de la cuisine. En peu de temps, la maison des missionnaires et celle d'un bon Sauvage chrétien sont en flammes. Pour comble de malheur le feu se propage à l'église qui est bientôt réduite en cendre." Les Jésuites mettront trois ans à rebatir la mission. (réf: Histoire de Sillery, p. 17-18)
Ses activités
En 1654, un acte rédigé par le notaire Guillaume Audouart nous renseigne sur les activités de notre ancêtre. Le 14 mai 1654, il passe un contrat de société avec Thomas Hayot et Jacques Leber dit Larose. Il s'associe à Jacques Leber pour faire le voyage que Thomas et lui prétendent organiser en l'Acadie et autres lieux en cette présente année. Le contrat stipule entre autre que le dit Leber participera aux profits et émoluments qui surviendront suivant l'état des marchandises qu'ils livreront.
Il est bien spécifié de plus que s'il y a des pertes, elles seront partagées au prorata des marchandises et je cite: Le voiage étant fait de souffrir les pertes au prorata de la dite marchandise. C'est dans la maison de Thomas Hayot que seront réunis Étienne, Jacques, ainsi que Claude Bouchard dit Dorval, chirurgien, Julien Quentin et le notaire Guillaume Audouart pour la rédaction de cet acte.
Ce voyage dont il est question est probablement un voyage de chasse ou de pêche puisque le castor est un commerce prospère à l'époque tout comme la pêche à l'anguille, aux marsouins et à la morue. Cependant, nous ne savons pas si le voyage a bel et bien eu lieu. La naissance du premier enfant du couple De Nevers suivient le 25 août 1654 et c'est un garçon qu'ils prénomment Guillaume. Le 20 septembre suivant Étienne fait l'achat d'une terre appartenant à Julien Quentin, de deux arpents de front sur le fleuve Saint-Laurent par vingt arpents de profondeur. Cette terre avait à l'origine été acquise en concession par Jean Lemire qui la vendit le 22 mars 1652 au dénommé Quentin. Il laissa en plus de sa terre tous les grains sur pied de quelque nature que ce soit sans exception, choux, navets et tous les autres légumes ensemensés. Il lui laissa aussi le bois fendu, coupé, planches et nasses. Étienne acquiert par le fait même, le droit de logement qu'il a dans le fort construit entre le Cap-Rouge et Sillery.
Le prix de la vente s'élève à 250 livres tournois et Etienne paie la somme avec des castors pour la valeur de 150 livres tournois et avec les 100 livres que lui doit Mathieu Hubert dit Des Longchamps. Nous ne pouvons l'affirmer avec certitude, mais il est agréable de penser qu'Etienne a sans doute fait ce voyage puisqu'il a en sa possession une quantité appréciable de castors qui lui servent à monayer la terre.
Le 17 décembre 1656, un deuxième enfant voit le jour. Il s'agit de Daniel Jean. Deux ans plus tard c'est la naissance de la première fille, Élisabeth-Ursule et vers 1660, un autre garçon, Étienne. Le 10 octobre de la même année, les Révérends Pères Jésuites avantagent Etienne et Anne d'une concession de trois arpents de front avec la profondeur qui se trouve jusqu'à la grande route qui va de Kébec (sic) à Cap-Rouge, bornée par le bout d'un bas du coteau qui regarde le fleuve Saint-Laurent. On leur accorde le droit de pêche et de chasse au devant de la concession et chaque année, ils doivent payer une rente foncière de 20 sols pour chaque arpent de front et deux deniers de cens.
Ce paiement s'effectue le 27 décembre de chaque année. Par la suite, ils doivent se bâtir une maison, l'habiter dans l'année, y tenir feu et lieu, y travailler et cultiver la terre. Ils doivent aussi permettre aux Sauvages de Sillery de couper et de prendre du bois de chauffage tout en se gardant bien de les molester. Ils ont l'obligation de faire moudre leur grain au moulin bâtit sur les terres seigneuriales des Sauvages de Sillery. Le 15 novembre 1662, l'arpenteur Jean Guyon rédige le procès-verbal d'arpentage de cette terre. En 1667, Étienne revend une terre qu'il avait acquise de Julien Quentin à Jean Routhier. On mentionne que la terre est: en nature de labeur à charrue, à la pioche et prayris y comprises les Sapinières et le reste en haut bois.
On fait aussi mention qu'il y a une petite maison et une petite grange. En plus des cens et rentes qu'Etienne est tenu de payer à la Censive des Sauvages de Sillery, Jean Routhier doit leur remettre deux chapons vifs ou deux poules. Mais pourquoi Etienne vend-t-il cette terre? A-t-il trop à faire avec sa concession obtenue en 1656 des Jésuites, ou peut-être en bon homme d'affaires voit-il l'avantage de faire quelques profits puisqu'il demande pour cette concession, 700 livres tournois. Jean Routhier s'engage alors à lui payer cette somme par 150 livres à la Toussaint prochaine, 150 livres à la Toussaint premier en un an, 200 livres au premier jour de l'année 1669 et 200 au jour de la Toussaint de 1670.
Le 26 décembre 1667 toujours à Sillery, naît le petit dernier de la famille, Simon-Jean. Deux ans plus tard, le 29 janvier 1669 on retrouve un acte d'obligation d'Etienne De Nevers envers Charles Aubert de la Chenaye, marchand bourgeois de Québec. Une somme de 116 livres un sol est due pour " reste de vente et livraison de marchandise". Afin de payer le Sieur De La Chenaye, il l'autorise à prendre la somme sur les 200 livres que lui doit encore Jean Routhier. En contre-partie Etienne lui demande de bien vouloir lui rembourser la somme de 45 livres pour les 15 cordes de bois qu'il a fournies et livrées au Sieur Toupin à son ordre.
L'année suivante, le premier juin, Jean Grignon marchand bourgeois réclame à Étienne, 80 livres pour de la marchandise fournie. Il le renvoie en l'autorisant à prendre cette somme sur la balance que lui doit Routhier. Le 8 octobre 1671, Etienne obtient de monsieur De La Martinière une terre sur le territoire de Saint-Nicolas, près d'une Anse, "ou il avait fauché cette année là".
D'une superficie de quatre arpents de front dans l'Anse du vieux moulin où devait être érigée la première église. En plus, il concède à Guillaume et Daniel De Nevers, une terre de quatre arpents de front par 40 de profondeur. La condition comme toutes les concessions accordées est qu'ils doivent cultiver la terre, la défricher et l'entretenir ainsi que de faire moudre leurs grains au moulin à vent ou à eau qui seront construits. Le 4 juin 1674 Etienne et Daniel De Nevers liquident leurs comptes avec le Seigneur de Lauzon au sujet de la concession obtenue le 8 octobre 1671.
C'est le 8 octobre 1675 que notre ancêtre passe avec Denys Jean un bail à ferme pour une terre située en la côte Saint-François-Xavier, de 3 arpents par 40, avec une maison dessus construite. La terre se divise en deux parties, la première est labourable et l'autre en haut bois. Ses voisins sont Denys Joseph Ruette escuyer, Sieur d'Auteuil et Mousseau procureur général pour le Roi au Conseil Souverain. Dans un bout de la terre c'est le fleuve Saint-Laurent et à l'autre bout la route Saint-Ignace.
Denys Jean doit fournir par ce bail, 30 minots de blé froment à Etienne De Nevers et un millier d'anguilles fraîches et saumurées pendant une période de six ans. Afin de protéger et de mettre en suret‚ le grain et le foin, Etienne s'engage à faire construire une grange et se réserve le droit de se faire bâtir une petite cabane sur le bord du fleuve pour ses activités personnelles (probablement la pêche).
Le 21 octobre 1674 Adrien Hayot vend à son beau-frère d'Etienne De Nevers un demi arpent de terre de front sur le fleuve Saint-Laurent. Cette portion de terrain est vendue pour la somme de 80 livres tournois. Ne dérogeant pas beaucoup à ses habitudes, Etienne paiera cette somme avec une vache estimée à 45 livres qu'Adrien Hayot doit aller chercher chez lui à Cap-Rouge. Pour la balance qui est de 35 livres, il lui donne deux barriques d'anguilles salées. Une fois de plus cela confirme que notre ancêtre vit des profits de sa terre et de ceux de la pêche qu'il pratique quotidiennement. La pêche à l'anguille est alors très répandue dans le fleuve et s'exerce comme un commerce florissant.
de beaucoup meilleur au goût que celle qui se voit en France" et elle " se garde fort bien salée". " C'est une excellente provision, en ce qu'elle porte son assaisonnement avec soy, se mangeant rostie sur le feu, sans qu'il soit besoin ny de beurre, ny d'aucune autre saulce; & mesme estant bouillie, elle sert & de beurre & de graisse pour faire les potages. L'anguille était alors un mets apprécié et son commerce rapportait beaucoup. La relation des Jésuites mentionnent d'ailleurs que l'anguille est la manne du peuple : en une seule nuit, un ou deux hommes en prendront des cinq & six milliers: & cette pesche dure deux mois entiers
On mentionne de plus que cinq milliers d'anguilles donnent dix barriques à 25 livres la barrique pour un revenu de 250 livres et celà en une seule nuit! Comme le note Marcel Trudel " les quantités d'anguilles qui sont réclamées dans certaines transactions attestent de son abondance.
Notre ancêtre Etienne reçoit en 1676, un bail sous seing privé fait par les Révérendes Mères Ursulines, stipulant qu'il peut faire la pêche et utiliser la terre du Platon de Sainte-Croix moyennant une somme de 60 livres de rentes et cela pour cinq années consécutives commençant le 16 juillet 1676. Le 6 août de la même année,
Etienne vend une autre portion de terrain équivalent à trois quarts d'arpents, partant du fleuve jusqu'au chemin appelé la " Grande Allée ". Sur cette terre on y retrouve aucun bâtiment. On voit donc Etienne se départir d'une partie de son bien pour la somme de 200 livres.
L'année suivante il se signale dans un acte de transaction comme subrogé tuteur des enfants mineurs de Marin Pain et Olive Morin habitants de leur vivant en la seigneurie de Gaudarville. Il s'agit de Jean-Baptiste Pain 16 ans et de François Pain 14 ans. Pour une meilleure compréhension examinons la composition de la famille Pain. Marin Pain est originaire de Thury-Harcourt, arrondissement Caen, évêché de Bayeux en Normandie. Il pratique le métier d'habitant et de boucher.
Le 2 août 1643 il épouse Olive Morin à Berthault (Thury-Harcourt) en France. A leur arrivée en Nouvelle-France, la famille se compose de deux enfants: Jean Pain né en 1645 en France et marié le 29 décembre 1670 à Sillery à Anne Masse fille de Pierre Masse et Marie Pinet; Jacqueline Pain, deuxième enfant est née en 1648 aussi en France et mariée à Jean Larue en 1663. Par la suite naissent deux autres enfants, des garçons: Jean-Baptiste (1662) et François Pain (1663). Marin Pain décède avant le 16 décembre 1671 et Olive entre le 4 février et le 6 décembre 1677. Donc Jean-Baptiste et François se retrouvent sans parents et leurs affaires sont confiées à Etienne De Nevers qui est nommé tuteur et responsable de la succession. Voilà qu'entre le 20 juillet 1673 et le 13 mars 1674, Jean Pain l'aîné de la famille décède.
Pierre Masse le beau-père du défunt réclame la somme de l'héritage pour sa fille Anne Masse. Pour le parfait paiement de 300 livres auquel elle a droit, Etienne s'engage au nom des enfants mineurs de lui livrer en paiements égaux, 100 livres dans la fête de Noel prochain, 100 livres dans l'année prochaine et 100 livres dans l'année 1679. Comment se fait-il que notre ancêtre se retrouve dans une telle situation? Nous pourrions imaginer sa grande générosité mais il ne faut pas oublier son niveau d'instruction qui semble être un point important.
Etienne sait écrire, il signe très bien et avec la "paraphe" des notables de l'époque, il est donc instruit. De plus, sa qualité d'homme d'affaires s'ajoute à sa personnalité et il semble probable qu'un lien d'amitié avec Marin Pain soit à l'origine de cette situation. Le 27 juin 1678, Etienne demeure et habite en la Côte et Seigneurie de Lauzon. Toujours comme tuteur des enfants Pain, il passe un accord avec Michel Desorcis qui veut acheter une terre de deux arpents appartenant à Jean-Baptiste Pain. Étienne effectue la transaction au nom de l'enfant mineur.
Ce contrat sera le dernier signé par Étienne. Nous ne connaissons pas la date exacte de son décès, mais nous savons qu'elle se situe entre le 27 juin 1678 et le 7 décembre, puisque à cette date Anne Hayot dite "veuve" passe chez le notaire Gilles Rageot pour convenir à une convention de mariage avec Léonard Debord Sieur De La Jeunesse. À la signature de l'acte des gens illustres sont présents. Il s'agit de:
Monsieur Me Louis Theande Chartier escuyer Sieur de Lotbinière, Conseiller du Roy en ses Conseils cy devant Lieutenant général en la dite prévosté, Dame Elisabeth Damours son épouse, de monsieur Me René Louis Chartier escuyer Sieur de Lotbinière conseiller du Roy, Lieutenant général et Criminel en la Prévosté leur fils et dame Marie-Madeleine Lambert son épouse, Dame Marie Françoise Chartier veuve de Pierre De Joubert escuyer Seigneur de Marçon et de Soulange, vivant Lieutenant et Major de Lacadie et le Sieur Guillaume Dennever fils de la veuve, des Sieurs Denis Guion Thomas Lefebvre Lucien Boutteville Sieur des Rivières et Maximilien de Chefdeville bourgeois de cette ville et Florance Gareman veuve de François Boucher.
C'est donc devant la bourgeoisie de l'époque que Anne Hayot et Leonard De Bord Sieur de La Jeunesse se promettent en mariage. Léonard est le fils d'Antoine Debord et de Catherine Nicar de Saint-Jean d'Argenson-sur-Creuse, arrondissement Châteauroux, archevêché de Bourges, Berry. Il est arrivé le 30 juin 1665 en Nouvelle-France comme soldat de la compagnie de Monteil du Régiment de Carignan. Pour les habitants de la Nouvelle-France, la première conséquence importante de l'instauration du gouvernement royal sera de mettre fin aux guerres iroquoises. Louis XIV est disposé à défendre sa colonie.
C'est ainsi que la milice du pays qui avait tenu le coup contre les Iroquois reçoit un renfort: le régiment de Carignan-Salière. Plus de mille hommes, arrive à Québec en 1665 avec mission d'envahir l'Iroquoisie. Léonard Debord devient ainsi membre de la famille De Nevers. Guillaume, l'aîné, n'est plus dans la demeure puisqu'il a épousé en 1671, Louise Vitard, de même pour Elisabeth-Ursule qui a épousé Jacques Gauthier. C'est pour Anne Hayot une nouvelle vie qui s'annonce. Le 12 avril 1679 à la demande de Léonard De Bord on assiste à l'inventaire après décès des biens d'Etienne De Nevers. Léonard est alors mentionné comme habitant de la Seigneurie de Lauzon.
Ce contrat est très intéressant car il nous renseigne sur le niveau de vie de notre ancêtre, que ce soit par l'examen des biens meubles et immeubles que des dettes actives et passives. C'est donc suite à cet inventaire que se termine la vie assez mouvementée de notre ancêtre Etienne De Nevers Sieur de Brantigny. Le second mariage d'Anne Hayot est assez nébuleux et nous en savons très peu de chose.
Après le décès d'Anne survenue le 27 novembre 1694 à l'Hotel-Dieu de Québec, les enfants ne s'entendront pas très bien avec leur beau-père. Léonard semble vouloir profiter des biens laissés par la veuve au détriment des héritiers. Un procès est alors intenté entre lui et les enfants. Le Conseil souverain de la Nouvelle-France doit trancher le litige et il ordonne que l'inventaire des biens soit fait et il prévilégie un partage équitable entre les héritiers et Léonard DeBord en tenant compte des dettes passives et actives de la communauté. Le 19 septembre 1697,
Léonard De Bord se remarie à Françoise Millot veuve de René Mezeray. Encore là toutes les personnalités de Lotbinière sont présentes chez le notaire Guillaume Roger. Ce contrat de mariage est assez particulier puisque Françoise Millot déclare qu'elle laissera à l'heure de son décès tous ses biens aux Révérendes Mère Ursulines de Québec pour payer les dettes de l'Hotel Dieu. Le 30 septembre suivant, le mariage est célébré en l'église Notre-Dame de Québec.
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